Le dernier baromètre des villes cyclables de France est tombé début février. Globalement sur le plan national on constate que le climat cyclable est assez défavorable. Mais que les attentes des usagers évoluent. Vers une France cyclable ? Pas si sûr.
Bien que de nombreux collectifs montent au créneau et militent pour un partage de la route, force est de constater que les doléances des usagers ne sont pas écoutées. Pourquoi cela ?
En février dernier, Stein Van Oosteren publie Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable aux éditions Ecosociétés. Ce véritable plaidoyer pour une France sûre pour le vélo trouve ses racines dans les origines de l’auteur. Les Pays-Bas, autre pays du vélo.
Stein Van Oosteren nous apporte quelques éléments de réponse sur le climat délétère pour la pratique du vélo dans son livre paru en mai 2021 aux éditions Écosociété. Explications.
Chiffre sur la part modale
L’étude menée par la Fub témoigne d’une réelle envie de posséder des aménagements cyclables pour des déplacements plus sécurisés. Globalement, le vélo n’est pas considéré comme un moyen de déplacement sûr en France. 54% des personnes qui pratiquent peu le vélo le déclarent dans l’étude menée par la FUB.
De plus, une autre préoccupation des répondants est de développer le vélo comme un moyen de transport intégré dans la part modale en ville tout en réduisant l’utilisation de la voiture.
Et sur la Côte d’Azur ?
Sur la Côte d’Azur, le ressenti des cyclistes est bien pire et les notes attribuées aux plus grandes villes sont les témoins de préoccupations qui ne semblent pas concerner les municipalités.
Ainsi, à Nice la note F est attribuée à la ville par les usagers. Avec une moyenne de 2.6, Nice est jugée comme défavorable. La métropole Nice Côte d’Azur terre de cyclisme ? Nous sommes bien loin du compte.
Pourquoi ça ne fonctionne pas ?
Malgré les différents investissements et les promesses tenues par les élus, le vélo à beaucoup de mal à se trouver une place dans notre paysage. Au sens propre comme au figuré. Les raisons qui expliquent cela sont autant culturelle qu’elles sont politiques.
Des raisons profondes en France
Plusieurs raisons profondes et inhérentes à la France, nous démontrent que le vélo a du mal à se faire une place. Stein Van Oosteren, l’explique à de multiples reprises dans son livre. La perception du vélo par la population ainsi que par nos élus est d’abord de l’ordre du loisir.

Si la population et nos élus perçoivent le vélo comme un loisir et non comme un mode déplacement, comment faire changer son paradigme ? La seule solution semble être la voiture pour se déplacer. Et en France nous sommes forts pour cela. Le lobby de l’industrie automobile est très présent dans nos médias. Il est bien connu que les Français aiment la voiture.
En 1975, Renaud chantait dans Hexagone :
“ La bagnole, la télé, le tiercé
C’est l’opium du peuple de France
Lui supprimer, c’est le tuer
C’est une drogue à accoutumance.” Et il n’avait peut-être pas tord.
Aujourd’hui, la hausse du prix du carburant nous offre une situation idéale dans laquelle il serait intéressant de repenser nos modes de déplacement, notamment pour aller au travail. Mais encore une fois, nos élus et le gouvernement s’apprêtent à utiliser l’argent public pour faire baisser le prix à la pompe de 15 centimes au litre. Cet argent aurait pu être utilisé et investi ailleurs, dans les transports en commun et modes de déplacements alternatifs.
Comme si d’autres solutions n’existent pas car comme nous explique l’auteur de Pourquoi pas le vélo ? Les Français se déplaçant en voiture s’imaginent mal s’en passer.
Une autre raison qui favorise l’utilisation de la voiture est l’agencement urbain de nos villes qui se sont étalées en pôles. Centres d’affaires, quartiers résidentiels ou encore zone d’activités. La création de “couloir urbain” est une aubaine pour la voiture mais rogne de l’espace public aux dépens des autres moyens de mobilité.
Le cas de Nice et celui de la Côte d’Azur
Nice est un exemple flagrant de ce qui se passe en France. La note attribuée dans le rapport de la FUB témoigne de cela.

Son étalement urbain et la création de voies à tout va témoignent de la peur de changer et d’innover dans le mode de transport. Notre métropole s’étale de plus en plus sans pour autant avoir un plan vélo digne de ce nom. Des routes et toujours des routes où les cyclistes ont peur de s’engager dans le flot de circulation incessant.
Le maire, Monsieur Estrosi disait en décembre 2020 “Je suis le maire des automobilistes, des cyclistes, des usagers des transports en commun, des piétons. Je ne veux pas d’écologie punitive”. Ainsi, il grappille des voix là où il peut, à qui veut l’entendre, en disant cela, il est le maire des automobilistes. Pourtant, les usagers sont formels, la ville est très loin d’être cyclable et sécurisée pour les déplacements à vélo. La double file, l’agressivité motorisée, le bruit, les insultes sont quotidiens sans pour autant que les choses changent.
Ce ne sont pas les panneaux à l’entrée de la métropole qui changeront la donne. Et globalement, la situation est très mitigée sur la Côte d’Azur. Les infrastructures ne sont pas vraiment sécurisantes. Heureusement, les associations locales comme Nice à vélo et Choisir le vélo œuvre et militent auprès des institutions pour sécuriser les grands axes.
L’exemple à deux pas de chez nous
Et pourtant, Stein Van Oosteren nous apprend que les Pays-Bas, avant d’être une nation cyclable était un pays de l’automobile. Dans les années 70, la voiture y occupait un espace considérable mais de profondes crises et une mortalité élevée ainsi qu’une prise de conscience des citoyens ont changé la donne.
Pourquoi pas le vélo ? a été pensé ainsi par l’auteur. Apporter une série de solutions et un argumentaire solide sur les effets du vélo dans notre vie et sur nos villes. L’auteur s’est appuyé sur de nombreuses études afin de nous permettre d’apprécier les bonnes mesures des mauvaises.
Une évolution lente mais à saluer !
Car des efforts ont été menés ces dernières années. Bordeaux, Nantes, Grenobles, La Rochelle ou encore à Paris avec la rue de Rivoli. Même à Nice, il est désormais possible de faire Nice – Antibes sur une piste cyclable (en restant prudent). Ces efforts sont à saluer, il ne faut pas décrédibiliser tout cela et les encourager pour des infrastructures plus sécurisées pour les usagers.
De la pédagogie doit aussi être faite pour accompagner les automobilistes à changer de mode de déplacement pour les trajets les plus courts. La peur du changement est normale, un temps d’adaptation est nécessaire. Nous ne sommes pas en train de dire qu’il faut bannir les voitures de la ville ou recourir au tout cyclable mais que changer la manière de penser ses déplacements les plus courts est à la portée de tous dès lors que des infrastructures sont présentes.
Fiche technique
- Titre : Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable
- Parution : mai 2021
- Éditeur : Écosociété
- Nombre de pages : 200
- Prix 16 €
- ISBN : 9782897197131